C’est à travers les nombreux échanges et événements qu’organisent les « Compagnons de la transition », alias Fabienne Minsart et Xavier Guigue, que beaucoup d’entre nous connaissent, que plusieurs projets et initiatives citoyennes se sont développées à Watermael-Boitsfort.
Ces initiatives répondent toutes au but essentiel que se proposent les « Compagnons », à savoir :
Agir localement, auprès de tous les publics, ici à Watermael-Boitsfort pour initier et accompagner des actions visant à construire une société plus juste, au service de l’humain et respectueux de la nature
« Finance et nous »
L’année dernière, en partenariat avec La Vénerie et le Réseau Financité, ils nous proposaient un premier cycle : « Finance et nous ». Il s’agissait, au travers d’une série de modules d’informations et d’actions, de permettre à un large public de mieux comprendre les mécanismes du système financier qui s’est imposé durant les dernières décennies dans toutes les structures de la société, et particulièrement l’économie.
Dans les différents cycles que nous proposons, il n’est pas question pour nous, insiste Fabienne, de s’en tenir à des conférences, des projections de films ou des débats, aussi passionnants soient-ils. Nous voulons offrir à tous la possibilité de comprendre des problématiques souvent très complexes et nourrir la réflexion des participants pour leur donner, dans un deuxième temps, l’occasion de passer à l’action. Nous n’en restons pas à une prise de conscience ou à un débat, nous voulons que cela débouche sur des actions concrètes. C’est la base même de notre projet.
L’Eco iris
Accompagner le développement de l’Eco iris à Watermael-Boitsfort s’inscrit donc naturellement dans cette démarche. Rappelons que l’Eco iris est une monnaie complémentaire qui n’est pas propre à notre commune. 4 autres communes l’ont déjà adoptées (Forest, Saint-Gilles, Schaerbeek et Molenbeek-Saint-Jean).
La monnaie complémentaire, nous dit Xavier, est un moyen de mobiliser concrètement les citoyens au-delà de l’indispensable information, et de toucher différents publics tels que le monde associatif, les élus, les acteurs économiques… Nous avons frôlé la catastrophe financière en 2008 et nous en payons encore et pour longtemps les conséquences et plus particulièrement les plus démunis. Aujourd’hui, environ 95% de la masse monétaire mondiale est captée par les marchés financiers spéculatifs tandis que moins de 5% servent au fonctionnement de l’économie réelle, une économie qui permet l’échange de biens et de services. Dans ce contexte, un des rôles essentiels des monnaies complémentaires est justement de limiter cette captation par les marchés spéculatifs (le contraire de la logique « Monopoly »). Il s’agit alors d’orienter la monnaie pour répondre aux besoins des citoyens en affectant à la monnaie une fonction de soutien à l’économie locale. Le but est donc de donner du sens à nos échanges : encourager les modes de vie et de consommation équitables et durables ; soutenir le développement d’un commerce local respectueux des humains et de l’environnement ; renforcer la solidarité et les liens sociaux.
Quant aux obstacles rencontrés sur le terrain, Xavier relève cette question récurrente des commerçants : « Et qu’est-ce que je fais de mes éco iris ? ». L’offre des fournisseurs est encore insuffisante, admet-il, et elle ne résout pas la question de la circularité – même si un fournisseur d’énergie comme Lampiris accepte les éco iris. Plusieurs pistes sont mises ou sont à mettre en œuvre :
l’examen des postes de dépense pour déterminer lesquels peuvent être couverts par tout ou partie en éco iris
le démarchage des fournisseurs existants
la recherche de fournisseurs, fabricants, producteurs locaux
la complémentarité avec l’accès au crédit local pour soutenir les investissements favorisant la relocalisation éthique de certaines activités.
Cela peut être l’occasion de préparer un partenariat avec New B. Le rôle des Compagnons de la Transition est ici d’accompagner les acteurs économiques locaux pour analyser ensemble les possibilités d’inclure pas à pas les critères environnementaux et éthiques dans leur offre commerciale.
Cela ne se fera pas en un jour. C’est une amorce, une orientation, une impulsion à renforcer par d’autres moyens. Il est aussi clair que la monnaie complémentaire devra être construite avec l’ensemble des acteurs qui se sentent concernés
« Economies et nous »
Fabienne : Au terme du cycle « Finance et nous », nous avons pris conscience qu’il était grand temps de remettre la finance à sa place : un outil au service de l’économie, une économie au service de l’humain et respectueuse de la planète : une économie sociale, solidaire et écologique.
Nous poursuivons donc notre démarche cette saison en proposant un nouveau cycle “Economies et Nous” pour aborder les enjeux de la transition économique. Tout comme nous l’avons proposé lors du cycle précédent, nous encouragerons à nouveau les échanges citoyens, le passage à l’action à travers des ateliers participatifs.
Le cycle “Economies et Nous” a commencé en septembre et propose jusqu’en décembre un état des lieux des défis écologiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés intitulé « Remettons les pendules à l’heure ! ». Ceux-ci formeront la base de l’architecture d’une transition économique résolument durable pour les générations futures et leur planète. Les thématiques abordées sont : l’Energie, l’Alimentation, le Climat, la Dette cachée de l’Economie, le Temps de vivre.
Notons que ce travail réalisé avec enthousiasme, ténacité et créativité est en grande partie bénévole ! Souhaitons que cette énergie puisse en rencontrer et en susciter d’autres, et longtemps !
Propos recueillis par Maryse Lierneux
Pour en savoir plus : Sur les « Compagnons de la transition » et le programme du cycle « Economies et nous » :voir l’agenda ci-dessous et http://lescompagnonsdelatransition…. Sur l’Eco-iris : http://www.ecoiris.be/ Sur les monnaies complémentaires : http://www.financite.be/fr/article/…