RER à WB : l’expérience de terrain

Une opinion de Tristan Roberti, échevin de l’Urbanisme et de la Mobilité.

Devenu échevin de l’urbanisme et de la mobilité en 2009, j’avais bien en tête que le chantier RER, appelé à traverser Watermael-Boitsfort de part en part, serait l’un des principaux enjeux de ma mandature. Au cours des 7 dernières années, j’ai été amené à organiser l’information des habitants (des dizaines de réunions !), à suivre de près l’évolution des chantiers, à intervenir lorsque des problèmes étaient constatés. Et des problèmes, il y en a eu : des riverains de la rue Gratès expropriés une première fois qui apprennent qu’ils doivent être expropriés une nouvelle fois car les calculs avaient été mal réalisés, des engins de chantiers qui s’engouffrent dans des jardins privés de l’avenue Van Becelaere et détruisent tout sur leur passage, des camions qui roulent sur les trottoirs de petites rues résidentielles et les défoncent allègrement, des riverains de la rue des Brebis qui subissent des travaux de nuit troublant leur sommeil pendant plusieurs semaines. Et j’en passe.

Pendant toutes ces années, j’ai été le réceptacle des frustrations des habitants qui subissaient les nuisances du chantier et voyaient leur environnement se détériorer. Combien de mails, combien de courriers, combien d’interpellations lors des réunions publiques ou au marché du dimanche matin. Et pourtant…. Et pourtant, convaincu de l’importance de développer les alternatives en matière de mobilité, j’ai toujours cherché à avoir la meilleure collaboration possible avec la SNCB et ses différentes composantes et à tenir un discours positif quant au projet RER, même aux pires moments. Mais, aujourd’hui, je ne vous cache pas que je fatigue un peu. Cinq ou six ministres en charge du dossier se sont succédé depuis mon entrée en fonction et aucun d’entre eux n’est jamais venu rencontrer les riverains concernés par le chantier.

Autant de ministres, mais aucun responsable. Ce mépris me fatigue. Lors des réunions de quartier au printemps dernier, c’est moi qui ai dû annoncer aux riverains concernés que les chantiers étaient interrompus et que leur reprise était postposée sine die. Est-ce vraiment à moi de porter l’inconséquence des autres ? Mais aujourd’hui, ce qui me met le plus en colère, c’est l’incapacité des membres du gouvernement fédéral à comprendre les conséquences de la communication médiocre qu’ils nous font subir concernant ce dossier. Un jour on apprend que le fonds RER est vide, ensuite on nous annonce que la Wallonie va payer ( ?!), le lendemain on nous dit que le RER est abandonné avant de nous dire que non, pas du tout, ce n’est pas ça qu’on a dit. Se rendent-ils compte qu’ils n’ont pas le droit de jouer comme ça avec ce dossier. Se rendent-ils compte, outre l’impact de cette communication catastrophique pour les bruxellois et les navetteurs qui hésitent à choisir le train comme mode de déplacement privilégié, que les riverains, de Watermael-Boitsfort ou d’ailleurs, sont aujourd’hui écœurés.

Sur le territoire de notre commune, on a vu notre chère forêt de Soignes être amputée tout au long du parcours, on a vu les ponts anciens qui faisaient le charme de la commune être partiellement défigurés, on a vu des maisons être démolies après avoir été expropriées, on a vu des murs antibruit (actuellement non terminés et à l’efficacité douteuse) être érigés sans que la promesse de les dissimuler sous la végétation ne soit respectée. En aucun cas, nous n’accepterons que tout cela ait été fait pour rien. Les atermoiements de ces derniers jours risquent bien de n’avoir qu’une seule conséquence : une perte de confiance un peu plus grande des citoyens envers les responsables politiques.

Alors, parce que je veux éviter ça, je vous le dis, Madame la Ministre, je suis prêt à retrouver toute l’énergie nécessaire pour la suite de ce dossier. Je reste convaincu de l’importance de faire aboutir le RER et je suis prêt à organiser, encore, des dizaines de réunions d’information, je suis prêt à mettre les outils de communication de la commune à la disposition du projet RER, je suis prêt à être le relais vers Infrabel des préoccupations locales pour faire en sorte que tout se passe pour le mieux et que des solutions soient trouvées aux problèmes qui surviendraient. Mais pour ça, il faudrait que trois éléments soient réunis : une décision claire quant à la poursuite des chantiers en vue de la mise en service du réseau RER par l’octroi de moyens suffisants à Infrabel pour poursuivre sa mission (chacun sait que les moyens sont disponibles, et que c’est une question de choix), le maintien et le renforcement de la cellule-info riverains indispensable pour la bonne information du public et la gestion efficaces petits ou gros tracas liés au chantier et surtout une communication claire et positive qui redonne confiance dans ce projet. La balle est dans votre camp.