Antonia Gùzman: La forêt brle

La forêt brûle

La #COP26 s’est clôturée ce samedi soir à Glasgow

Elle n’aura pas été à la hauteur des attentes. Son président, Alok Sharma, l’a lui-même reconnu en présentant ses excuses au moment de sa conclusion.

La COP26 aurait du déboucher sur un message clair : il est temps de passer à l’action !

Au lieu de ça, les messages ont été édulcorés. On parle des énergies fossiles oui, mais en visant uniquement les investissements « inefficaces ». On reconnaît qu’il faut renforcer l’aide aux pays en voie de développement oui, mais on refuse de s’inscrire dans des systèmes de financement opérationnels et contraignants. On veut que chacun fasse sa part oui, mais on intègre dans l’accord des éléments comme les « circonstances nationales particulières » qui nous rappellent que certains trouveront toujours des raisons de ne pas agir.

Il y a eu quelques avancées sur quelques points spécifiques mais la COP n’aura pas été le moment de mobilisation attendu, nécessaire. On est clairement passé à côté de quelque chose.
Pendant ce temps les prévisions nous indiquent que nous pourrions aller vers un réchauffement de 2,4 à 2,7° alors que l’objectif est de le limiter à 1,5°, et les catastrophes climatiques continuent de se multiplier.
Les premières victimes seront toujours les mêmes : les personnes fragilisées, les femmes et les enfants, les habitants des zones côtières et des pays insulaires, les habitants des zones arides, sans oublier les nombreuses espèces animales menacées aussi par les effets du réchauffement climatique… A chaque fois que nous négligeons l’enjeu climatique, nous les condamnons un peu plus.

J’ai eu la chance de me rendre à Glasgow en tant que président de la commission Environnement-Energie du Parlement bruxellois. C’était le premier voyage que je faisais en tant que parlementaire depuis mon élection comme député il y a 2 ans et demi (en train évidemment) et ma première participation à une grande conférence internationale. Je reviens de cette COP, vous l’aurez compris, un peu amer et très inquiet.

J’y ai vécu de bons moments : les rencontres avec des militants et mandataires écologistes du monde entier, les moments d’échange avec la société civile belge et internationale, les « event » au cours desquels des délégués de chaque pays présentaient leur approche de la question et les politiques mises en œuvre sur leur territoire, les réunions avec la délégation belge où j’ai pu constater le volontarisme et le professionnalisme de nos représentants, les moments d’émotion lors des témoignages des délégués issus de territoires dont l’existence même est déjà menacée aujourd’hui, ici et maintenant, par les effets du réchauffement climatique.

Et puis des moments plus difficile. Une douche froide quand l’annonce a circulé que la ministre conservatrice flamande ne permettait pas aux accords intra-belges d’aboutir, allant jusqu’à demander à l’Union européenne de revoir à la baisse le niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 attribué à notre pays. Écornant ainsi l’image de notre pays que, rappelons-le, elle souhaite voir disparaître. Une vraie gêne quant à la place accordée aux lobbyistes dont l’objectif premier n’est pas défendre la transition climatique mais de préserver les intérêts de leur secteur. Et une autre quand j’ai constaté que la journée consacrée à la mobilité se concentrait exclusivement sur le « verdissement » des moteurs des voitures et l’aviation sans un mot pour le transport public, le vélo et la marche à pieds.

Malgré cette déception liée à l’absence de message fort porté à la sortie de cette COP, je fais partie de ceux qui pense qu’il est indispensable de poursuivre et de renforcer la concertation internationale, seule option possible de gouvernance du climat. Comme le disait Adélaïde Charlier ce midi sur les antennes de la RTBF : « Les COP c’est nécessaire, on a besoin de mettre tous ces leaders politiques autour de la table pour regarder ensemble comment aller plus loin, plus vite. ». Même si la COP26 a un bilan décevant, nous devons poursuivre, il n’y a pas d’autre voie. Poursuivre, c’est rester mobilisés dans les gouvernements, dans les parlements, dans les collèges et conseils communaux, dans les écoles et les universités, dans les associations, dans les entreprises, dans les comités de quartier. Rester mobilisés partout dans notre société pour des politiques climatiques ambitieuses et des projets concrets sur le terrain qui améliorent le cadre de vie et nous orientent vers la société zéro-carbone.

Photo d’illustration : Pendant la COP, j’ai été contacté par l’artiste-peintre argentine Antonia Gùzman qui a réalisé une série d’oeuvres sur le thème « La forêt brûle » et m’a demandé de me prendre en photo avec l’une de celle-ci. Ses œuvres se sont déjà retrouvées dans plusieurs manifestations à travers le monde et il y avait donc un aspect symbolique à ce qu’elles arrivent jusqu’à la COP. Merci à elle !